Le complexe de la peur et de la privation: Pourquoi nos sociétés ont-elles du mal à être heureuses ?

Par Professeur Mohamed Aidni

Le bonheur semble être un rêve lointain dans bon nombre de nos sociétés arabes et musulmanes, malgré le potentiel matériel et les opportunités d’une vie décente dont nous disposons. Une anxiété et une peur constantes de l’inconnu submergent le comportement des individus, et leurs vies sont entravées par les concepts de « Haram » (interdit religieux), de « Aïb » (honteux) et de « ce que les gens diront ». Ces concepts se transforment en un système qui produit plus de tristesse que de satisfaction.

Cette peur chronique de l’erreur ou de la punition, associée à la focalisation des gens sur ce qu’ils ne possèdent pas plutôt que de jouir de ce qu’ils ont entre les mains, a fait de la privation psychologique un mode de vie. L’individu, quelles que soient ses possessions, sent toujours que ce qu’il a n’est pas suffisant, et que le bonheur est reporté jusqu’à l’atteinte d’un gain supplémentaire.

En revanche, les expériences des nations développées montrent que le contentement et la satisfaction ne proviennent pas tant de l’abondance matérielle que d’une perspective réconciliée avec soi-même et avec la vie, permettant à l’individu de vivre l’instant présent sans culpabilité ni peur de l’avenir.

Nos sociétés ont besoin d’une révision profonde de leur système de pensée dominant, qui interdit la joie et récompense la morosité, et qui associe la piété à la tristesse, alors que l’essence de la vraie foi repose sur la sérénité et la miséricorde. La première étape vers le bonheur est peut-être de nous donner la permission de vivre sans peur.

 

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